Les pyramides

Il y a deux ans, notre équipe d'archéologues est mise au courant, par des sources que nous ne pouvons pas dévoiler, de l'existence de pyramides perdues dans une partie de jungle profonde en Amazonie (du côté Péruvien, ou Brésilien, ou colombien, il est dure de trouver des frontières dans la jungle amazonienne). D'après les dires, celles-ci n'auraient pas été approchées par l'homme depuis des centaines d'années.

Sur ce, notre équipe est très excitée et se dit qu'il n'est pas possible de laisser en suspend l'existence de la possibilité de la présence en un endroit dont ils sont au courant de vestiges non encore découverts. Après amples bavardages, quelques engueulades qui seront vite balayées, un certain nombre de bouteilles de whisky et deux nuits blanches, il est décidé à l'unanimité de se rendre sur place quelques semaines après (le temps de quelques préparatifs, car l'expédition risque d'être dangereuse et difficile, le lieu décrit n'étant pas accessible de manière aisée par une simple sortie d'autoroute, vous l'aurez bien compris).

La jungle

Après trois avions, un train, deux bus et un bateau en très mauvais état, nos archéologues s'enfoncent à présent dans une jungle tropicale suivant les indications qui leur ont été données et aidés par des guides locaux. Ils marchent durant des jours entiers. Le périple est dur, la jungle est hostile. Il y a des serpents mais ce n'est pas grave car nos hommes sont assistés de guides qui connaissent parfaitement la forêt et ses secrets médicinaux. Il y a des fauves, mais ce n'est pas grave non plus car il se trouve que notre équipe a avec elle un petit Chihuahua, du nom de Chouquette, qui est téméraire et ferait fuir une famille de jaguar. Il y a aussi les crocodiles mais nos archéologues ne sont pas fous et lorsqu'il faut traverser un fleuve, ils font super gaffe et se dépêchent. Mais il y a surtout les moustiques et là c'est vraiment très décourageant.

Notre équipe essaie plein de techniques : Le baume pour les faire fuir, les tapettes à moustiques, se couvrir le corps entièrement de boue, mais cela n'y fait rien, ils finissent toujours par vous piquer et ça gratte. Un soir il fut tenté un rituel spécial qui demande une grande préparation du corps et de l'esprit. Tout d'abord l'assemblée est conviée à partager un breuvage contenant des plantes plus ou moins médicinales qui permettent de rentrer en contact direct avec les dieux de la forêt. Puis les chants viennent, ils sont là pour aider les âmes à sortir des corps (Pas trop loin quand-même car il faut trouver le chemin du retour). Enfin vient la musique et le bruit répétitif des rythmiques frappées avec des morceaux de bois sur d'autres morceaux de bois. Ainsi se déroule la cérémonie et ce soir là elle fut perçue de manière très forte, très puissante même par les indigènes (ce mot fait plus authentique) qui accompagnaient nos archéologues et qui sont pourtant habitués.

Le lendemain, les moustiques piquent toujours, mais quelque choses a changé, on peut sentir que les piqûres sont différentes, l'intensité a diminuée. Les moustiques piquent parce que les dieux ne peuvent leur demander de ne pas s'alimenter. Mais il ne faut pas non plus qu'ils soient de mauvaise foi et qu'ils en profitent (L'obésité des moustiques en Amazonie cette dernière décennie est devenue un véritable fléau). Alors bientôt l'équilibre sera retrouvé. Mais les moustiques ne sont pas dupes et s'ils prennent cette décision, c'est bien parce qu'il y a des choses qu'on n'explique pas, ou tout du moins qu'on ne peut et qu'on n'a pas choisi ou qu'on a pas le choix à cause des raisons d'avant et de celle-ci en premier parce que quand les dieux parlent de mauvaise foi, les moustiques ça les fait bien marrer, même si ils savent que parfois les dieux ont raison (Mais c'est discutable).

Pyramide et pendule

La découverte de la pyramide

Treize jours exactement après le début de l'expédition, notre équipe arrive enfin à destination. Après quelques heures de recherche nos aventuriers se découragent car ne trouvent rien et commencent à mettre en doute la véracité des informations qu'ils ont reçues. C'est alors que l'un des hommes, énervé, donne un coup de pied dans ce qu'il pense être du bois mort et se fait très mal car en fait c'est de la pierre. Il hurle un bon coup mais arrête rapidement car il comprend qu'il vient peut-être de découvrir, enfin, ce qui semblerait être une construction humaine. Les archéologues se pressent tous autour de la découverte et enlèvent les feuilles et les lianes qui la rendaient presque invisible.

C'est alors qu'effectivement apparaît une pyramide d'une hauteur d'environ 1m50. Vous allez me dire que c'est une petite pyramide et c'est d'ailleurs ce que pensent les scientifiques de notre équipe (Mais ils ne le disent pas de manière à ne pas saper le moral du groupe). Vous vous doutez bien que l'idée que ce qu'ils voient n'est en fait que la partie immergée d'un édifice beaucoup plus grand ne fait qu'un bon dans la tête des archéologues qui, comme le veut leur métier, sont très perspicaces. Ils sortent avec automatisme leurs truelles et leurs petites pioches pour commencer à creuser autour de la structure de pierre.

La découverte du pendule

Déception, cette pyramide n'est pas la partie émergée de l'iceberg mais belle et bien de la taille qu'elle paraissait être a première vue. Mais bon, rapidement les archéologues se disent mutuellement que c'est très bien comme ça parce que sûrement que le temps qui n'a pas été passé à construire une immense pyramide a dû être utilisé comme temps de baignade dans la rivière, réflexion sur les étoiles et aussi pêche parce qu'il faut bien manger. Le bien être des populations locales est important.

Mais ils continuent tout de même à chercher parce que c'est ce qu'ils sont venu faire ici. Après quelques heures passées à ausculter les alentours l'un des hommes fait la découverte qui nous intéresse tous : Le pendule.

Lorsque la petite pioche de notre archéologue le met à jour, il utilise tout son savoir faire pour ne surtout pas l'abîmer, usant de tous ses ustensiles : De la petite truelle jusqu'à la balayette spécialement conçue pour ce type d'opération. Puis il le prend dans ses mains, l'observe avec minutie et avec un plaisir qu'il ne cherche pas à dissimuler, puis se met à crier très fort de manière à ce que tout le monde l'entende "J'ai trouvé quelque chose", puis en rabaissant un peu le ton de sa voix "Je crois bien que cela ressemble à un pendule". Les autres s'approchent rapidement de lui et disent des choses comme "Nom de Dieu", "Fais voir", "Ça m'en coupe le souffle" et d'autres termes que nous ne mentionnerons pas ici car ils sont légèrement vulgaires.

La corde du pendule est plus ou moins complètement désintégrée parce qu'elle était issue de matière organique à taux de pourrissement rapide mais le pendule lui-même est dans un état parfait, la pierre qu'il porte en son centre brille si fort qu'on dirait qu'à ce moment là la jungle s'illumine.

Nos archéologues ne trouvèrent rien d'autre lors de cette expédition mais c'était déjà pas mal et quand ils rentrèrent chez eux ils en profitèrent pour faire une grande fête et célébrer leur découverte.

Jungle et pendule

Le pendule divinatoire

Nos archéologues n'étaient pas spécialement portés sur l'occultisme. Ainsi le pendule divinatoire resta un certain temps, sans être utilisé, dans une vitrine entourée d'autres objets qui prenaient la poussière. Il y avait entre autre une Boule Feng Shui qui était ravissante, une boussole qui ne donnait pas la bonne direction (où tout du moins pas celle à laquelle on aurait pensé), un attrape rêve indien qui ne cessait d'essayer d'attraper tout ce qui passait par là et un grimoire magique qui renfermait les codes et secrets pour dialoguer avec ceux de l'autre monde.

Un jour tous ces objets furent vendus aux enchères et un sorcier acheta le pendule et le grimoire. Il rentra chez lui, et se précipita, impatient comme un enfant, d'ouvrir le grimoire. Il y passa toute la nuit, ce livre renfermait tant d'informations, tant de précieux renseignements qu'il en oublia le pendule divinatoire. Notre sorcier passa deux semaines sans presque sortir de chez lui, en ne s'alimentant presque pas et en dormant très peu. Toute son attention était portée sur le livre. Il comprenait que se cachait en lui une porte secrète, une manière de voir et entendre, de comprendre et sentir, mais il n'arrivait pas à la toucher. Ce n'est qu'au bout d'un mois qu'il laissa tomber, il lui manquait des clés ou alors il était trop tôt. Le sorcier savait que la différence entre trop tôt et trop tard était comme inexistante quand le temps lui-même n'existait pas (en tout cas c'est ce qu'il pensa ce jour là après avoir fumé une pipe de feuilles d'une plante peu connue mais très relaxante).

C'est ainsi que notre sorcier se tourna vers le pendule. Mais nous en reparlerons un peu plus tard.